Alors oui, je bossais récemment sur une version expérimentale de mon site/blog, mais après avoir abandonné une version en cours de développement (je voulais utiliser le moteur de blog Jekyll, mais je l’ai vite trouvé trop limité), je me suis dispersé et au final… C’est mieux de publier quelques articles ici.

Non pas que je fasse illusion, avec mes 1 billet / an, mais en réalité, j’ai quelques critiques de romans en réserve et je commençais à enrager de ne pas pouvoir les publier.

Un roman de Gregory Benf… Greg Bear, disais-je

Je croyais avoir déjà lu du Greg Bear et en avoir retiré une impression mitigée, mais après vérification, je fais fausse route et le confonds avec Gregory Benford, avec qui il a en commun la paternité d’une des préquelles à Fondation écrites après le décès d’Isaac Asimov, et auxquelles je ne me suis jamais essayé (de mon avis, Asimov avait déjà abusé de préquelles à Fondation, intéressantes mais sans jamais atteindre les cimes du cycle principal).

Je découvre donc un auteur que Wikipedia référence aux côtés des auteurs de romans Star Wars et Star Trek, mais que le « fandom » (comprenez : les « vrais » amateurs de sf) connaissent plutôt pour Eon ou l’Echelle de Darwin.

La relativement bonne réputation de l’auteur explique peut-être l’excellent travail de traduction de Nenad Savic, qui après vérification, se consacre plutôt à l’oeuvre de Peter F Hamilton (il est sur ma liste d’auteurs à lire, avec quelques epubs en réserve). Je conçois que certains auteurs se prêtent mieux que d’autre à la traduction, mais li faut vraiment se concentrer pour repérer les traces de formulations anglaises. Le style de Bear après traduction est homogène, manquant parfois de richesse, il prend vie en s’appuyant sur des références et expressions, aborde quelques aspects presque scientifiques sans s’y attarder et est émaillé de quelques facilités, ou disons, des poncifs stylistiques.

Côté histoire, l’idée de pousser l’anticipation jusqu’à la fin des temps, en une époque où il ne reste plus grand-chose de nos galaxies, est forcément intéressante. Les choix font un peu « fantasy » par certains aspects ; je sais Greg Bear porté sur la hard science, mais je ne saurais dire à quel point les bouts de théorie sur le multivers sont crédibles. Je ne pense pas qu’il raconte n’importe quoi. En tout cas sa cité à la fin des temps penche clairement vers la fantasy.

Deux défauts majeurs à son récit. Le premier, c’est qu’il écrit trop sur le principe du « je vous embrouille, mais vous comprendrez ensuite », méthode de narration que je tiens à distinguer du « vous comprenez rien à ce qui se passe autour, ça viendra » qui préside notamment à Dune.

Le second, partiellement dépendant du premier c’est qu’on peine à s’attacher aux personnages. On a besoin de pouvoir s’identifier, ou de trouver des qualités aux protagonistes, sans nécessairement en faire des héros. Là y a rien. Leurs vies me disent rien, ils font rien d’excitant ou de sympathique. Je ne les aime pas.

Heureusement les deux défauts passent, sans doute au moment où l’auteur en décide. Les héros ne sont pas exceptionnellement sympathiques, mais à défaut de s’attacher à eux, on s’attache à leur quête. L’histoire se fait moins cryptique, ses aspects mythologiques restent assez curieux mais permettent d’offrir plusieurs dimensions (plusieurs niveaux de lecture aussi ?) à la narration, et évitent au roman d’être trop court. Vu le sujet abordé (la fin de l’univers, la fin des temps), un roman court aurait semblé inadéquat, mais encore faut-il tenir la longueur.

Un roman qui commence, donc, par la fin

J’avoue la fin a réussi à m’offrir quelques surprises, et si la toute fin correspond à ce que je présumais (quasiment depuis le début), ce fut une découverte fort agréable.

L’un des défauts du livre est inhérent à son thème : on a littéralement l’impression que la « fin » compose 75% du roman. Après tout, il s’agit de l’objectif de Greg Bear : nous faire vivre une forme de fin des temps.

Je regrette que le côté mythologique ait pris le pas sur l’aspect science-fiction. Celui-ci est évidemment présent, mais le récit tire en fait beaucoup sur le côté fantasy. C’est inattendu mais si cela évite de chercher une explication / compréhension scientifique aux phénomènes en jeu, ce n’est pas forcément le plus grand charme de ce livre.

Dans l’ensemble, une lecture intéressante, sur un thème peu exploré et fort risqué.