Par contre, n’espérez pas qu’un lecteur non-professionnel puisse évaluer objectivement votre récit. Il y a trop d’aléas pour cela. Un lecteur peu aguerri peut s’enthousiasmer pour un récit basique et mal écrit. Et si le lecteur n’est pas dans votre cible, il peut détester un bon récit (ce jugement mis à part, il peut attirer votre attention sur des points surprenants, donc ça vaut tout de même le coup). Vos lecteurs sauront déterminer les forces et faiblesses de vos écrits, et s’ils ne correspondent pas à ce que vous aviez en tête, alors il y a un problème… Mais soit vous les connaissez et cela fausse leur jugement, soit vous ne les connaissez pas, et à moins d’avoir affaire à des professionnels, vous ne pouvez savoir à l’avance leur réel niveau et leur expérience personnelle de l’écriture. En somme, vous aurez toujours un doute, que leur avis soit négatif ou positif sur vos écrits… Enfin, les pré-lecteurs paient les pots cassés de certaines bévues. Donc, ils donnent rarement leur avis sur une version « finie » du manuscrit.

Au passage : oui, connaître vos propres faiblesses compte beaucoup.

- Quant aux relectures, je pense à présent qu’en-dessous de trois relectures complètes, le travail n’est pas terminé. Mais comme nous parlons entre amateurs, nous savons quel problème pose cette notion de « terminé » : si vous écrivez assez assidûment, dans 6 mois, des défauts surgiront dans vos précédents écrits et il faudra les repasser en revue. N’ayant pas encore envoyé mes nouveaux récits au moindre éditeur, j’ignore jusqu’où je pousserai avant de considérer un livre comme « présentable ». Pour l’instant, j’estime que si je peux relire un tome en n’hésitant ou butant que sur un passage toutes les deux ou trois pages, j’ai atteint mon but. Certains auteurs continuent à reprendre leur texte à chaque nouvelle édition (comme l’estimé Kloetzer pour « Mémoires Vagabondes », quinze ans après la première édition). Vous pouvez espérer éliminer toutes les fautes de syntaxe et d’orthographe (on peut toujours rêver), n’espérez pas obtenir un style parfait : c’est bien trop subjectif…

Si vous ne l’avez jamais lu ailleurs, sachez qu’on parle souvent des « un million de mots » nécessaires pour savoir écrire correctement. C’est colossal, puisque cela correspond à sept romans de belle taille, ou à deux fois le Seigneur des Anneaux, pour prendre une référence dans la Fantasy. Pourtant cela me paraît réaliste. J’approche des 1,5 millions, et je vois encore mon style progresser. Cela me demande davantage d’efforts pour repérer de nouvelles faiblesses et de nouveaux axes d’amélioration, mais des écrits rédigés avec 1 million de mots d’expérience il y a 1 ou 2 ans commencent à me sembler criblés de défaut… Alors qu’à leur lecture, je nourrissais naguère une profonde satisfaction…

Autant dire que les articles paraissant ça et là dans la veine « combien de temps il faut pour écrire un livre ? » ou « combien d’argent pourrait me rapporter un livre ? » me font doucement marrer : avant de parler d’écriture professionnelle, il faut déjà y être formé, et il n’y a pas de cursus pour cela. Rien, sinon ce sacro-saint million de mots, après lequel vous verrez l’écriture d’un autre oeil…

 

Ah oui, et cet article, combien de fois l’ai-je relu ? Réponse : certainement pas assez…

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