Le cycle de la Culture, de Iain M. Banks

Les sources d’intérêt dans ce roman sont multiples. Le fil conducteur centré sur le héros suffit, à lui seul, à maintenir en haleine le lecteur, un peu à la façon d’un « Stratégie Ender ». Mais on sent que d’autres forces sont en présence, et tentent de le manipuler ; cela donne au roman une ampleur que « une forme de guerre » ne parvenait pas à donner, un suspense qui sous-tend l’intrigue principale jusqu’à la scène finale, parfaitement réussie. Et en plus, l’auteur nous laisse nous débattre avec quelques questions métaphysiques, qui font directement écho à la colonialisation et à l’ « ingérence » tels que nous les avons connus, ou les connaissons, dans notre monde actuel, thématique qui rend le roman étrangement intemporel : où s’arrête la « culture indigène », où commence la barbarie ? Doit-on, ou non, intervenir dans une culture que nous ne connaissons pas, pour défendre des valeurs qui sont les nôtres, et non celles de cette culture ?

C’est là aussi qu’on saisit pourquoi ce cycle s’appelle la « Culture ».

Ces différents niveaux de lecture se complètent et sont parfaitement maîtrisés, même si la phase d’exposition est un peu longue. Ils se conjuguent pour faire de « l’homme des jeux » un excellent roman, dont on comprend finalement que l’éditeur, sur un plan marketing, ait choisi de le mettre en avant…

Note : 4/5

Et « Use of weapons », alias « L’usage des armes »

(Et oui, j’ai placé en premier le titre anglais « Use of weapons », puisque j’ai lui celui-ci en VO)

L’usage des armes (qui encore une fois, peut se lire indépendamment du reste) nous fait suivre le périple de Cheradenine Zakalwe, vieux guerrier stratège employé par la Section Contact de la Culture pour interférer dans des conflits planétaires, rappelé de sa retraite pour intervenir dans un conflit menaçant de prendre des proportions galactiques.

Si le contenu du fil d’intrigue principal n’est pas foncièrement original, l’univers de la Culture et la forte personnalité de Zakalwe retiennent l’întérêt du lecteur, qui ne cesse de se demander quelle prochaine absurdité va surgir – et ce, sans jamais tomber dans le roman parodique. Mais ce n’est pas là la véritable force de ce récit : sa force, son originalité, c’est d’alterner entre le fil principal, dans l’ordre chronologique, et des épisodes passés de la vie du héros, qui sont placés dans le désordre, voire carrément en ordre antéchronologique. Banks use de cet artifice pour démultiplier les zones d’ombre et le suspense de son livre, dont on ne sait plus s’il faut attendre des révélations dans le présent ou le passé du personnage ; cela lui permet aussi d’offrir un contraste saisissant entre le présent, où Zakalwe paraît décontracté et n’hésite pas à user d’astuces prêtant plutôt à rire, et son passé d’une noirceur sans limite, angoissant, dérangeant, et même à en glacer le sang.

A force, le roman se lit sur tellement de plans différents que sur une trame centrale finalement basique et linéaire, il se révèle une lecture plutôt difficile : restez bien concentrés et ne sautez pas de paragraphe, vous risqueriez de le regretter…

L’usage des Armes est peut-être le meilleur des trois, j’hésite encore avec l’Homme des jeux. Difficile de les comparer de manière honnête quand j’ai lu l’un en anglais, l’autre en français. Mais comme il s’agit du même cycle, je ne peux que vous recommander de les lire tous deux (« Une forme de guerre » restant optionnel), je ne pense pas que vous le regretterez.

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2 comments on this post.

  1. Raumsog:

    Merci pour vos commentaires. Je viens de découvrir le cycle de la culture avec le dernier ou avant-dernier opus de Banks, je veux parler des « Enfers Virtuels ».

    J’ai été très séduite par la foisonnante richesse de la civilisation dans laquelle on est plongé et par les trouvailles de l’auteur: avatars de vaisseaux, lacis neuraux, « conflictions » virtuelles, enfers virtuels mais horriblement réalistes pour ceux qui ont le malheur d’y vivre, l’intaillement, et bien d’autres.

    En revanche, l’auteur se perd quelque peu dans des digressions sans fin qui m’ont fait souhaiter que le livre fût moins long d’un bon tiers.

    Quoi qu’il en soit, j’ai maintenant bien hâte de découvrir « Lusage des armes » et « l’Homme des jeux » comme vous nous les conseillez…

  2. KEV:

    J’ai encore 50 pages a lire pour finir « L’homme des jeux » mais je sent déjà que je vais bouffer tt les romans comme je l’ai fait avec Les robots et Fondation d’Isaac Asimov. J’aime l’ambiance, l’univers, les extra-terrestres, les droides etc de l’univers de La Culture. Tout cela a ma foi l’air très très riches et bien organisé :) Que du bonheur!!!

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