la compagnie des glaces, de Georges J Arnaud

Ce cycle de soixante-deux volumes est cité dans le  » guiness des records  » ! Il décrit la Terre après un cataclysme qui l’a enfermée dans l’ère glaciaire : l’explosion de la Lune dont les débris entourent la Terre et cachent la lumière du soleil. Une race d’hommes adaptés au froid, les  » Hommes roux « , a fait son apparition. D’où sortent-ils ? Comment des hommes auraient-ils pu s’adapter au froid en trois siècles seulement ? Les hommes normaux, quand à eux, survivent grâce au chemin de fer, qui a rapidement imposé sa dictature. Mais cette nouvelle forme de civilisation est-elle réellement d’apparition récente ? Le flou des connais- sances du passé ne cache-t-il pas bien d’autres choses ? L’intrigue interminable réserve beaucoup de suspense, et un très grand nombre de rebondissements .

Heureusement car la longueur de cette série a des défauts, et on finit par en avoir marre de lire la description des trajets empruntés par les persos : et Yeuse prit le train pour Grand Star Station, où elle trouva un compartiment pour se rendre à Trifouillis Station, où elle rencontra Gus qui avait pris une draisine depuis la Cross Station… Argh ! Bon, j’exagère, l’ensemble est à peine 10 % trop long, à comparer à Endymion, si loué, ou à certains tomes de Fondation. Un livre déconseillé par ailleurs au lecteurs de moins de quinze ans : G-J Arnaud a aussi été auteur de romans érotiques et ça se voit. On regrettera également un de grosses incohérences dans la chronologie : vers la fin de la série, les héros doivent avoir dans les soixante-dix ans, mais continuent à baiser tout ce qui bouge. Pour le reste, c’est du tout bon, et certains volumes (Les échafaudages d’épouvante, Le clochard ferroviaire, Exode barbare ) sont de véritables chefs-d’oeuvre, le sommet étant atteint par l’intrigue militaire de Terminus amertume et Les brûleurs de banquise, parmi les meilleurs livres qu’il m’ait été donné de lire.

La Compagnie des Glaces est parue en Fleuve Noir Anticipation jusqu’au tome 37, a été intégralement rééditée dans la collection du même nom, et est en cours de réédition en format omnibus à raison de quatre épisodes par volume, corrigés par l’auteur (sans remaniement fondamental ; certaines erreurs étant passées entre les mailles du filet, les nouveaux venus dans cet univers risquent de douter de la réalité de cette  » correction de l’auteur « ). On sait déjà que le seizième (et théoriquement dernier) recueil comportera un épisode inédit et une encyclopédie thématique (on s’attendait de toutes manières à quelque chose dans ce goût-là).

Mais quand l’éditeur annonce une  » surprise  » au sujet de la Compagnie des Glaces au printemps 2001, on commence à s’interroger sur une possible suite… Pour 62 volumes supplémentaires, peut-être ? (confirmé depuis la rédaction de cet article : une seconde série, hélas très inférieure à la première, que j’ai abandonné après quelques tomes).

La Compagnie des Glaces est un titre qu’on aimerait placer comme  » incontournable  » dans la science-fiction française, et même la sf tout court, s’il n’y avait cette longueur un peu rebutante, surtout pour les lecteurs de sf occasionnels. La réédition a obtenu un certain succès, comme l’original. Le cycle a depuis connu une adaptation en bd, et une « adaptation » en série télé francophone ; tout ce que je sais de cette adaptation, c’est qu’elle tient en une seule saison, et qu’elle est orientée ‘teenager’, à petit budget… Et que l’auteur en semblait plutôt déçu. Le scénariste a d’ailleurs dit que, suivant les contraintes du format et celles imposées par les chaines de télévision, il n’avait pu reprendre « l’esprit » de la série, et à défaut, avait tenté d’en conserver l’ « Ã¢me ».

On ne peut que conseiller la lecture de ce cycle, car les talents de conteur de Georges J. Arnaud et son imagination en font sans doute son chef-d’Å“uvre.

[Première parution : 1980 à 1992 pour les 62 épisodes originaux, Fleuve Noir, collection Anticipation jusqu'au numéro 36, collection "La Compagnie des Glaces" pour les suivants.

Editions Fleuve Noir pour les rééditions en collection "La Compagnie des Glaces" puis en recueils de 4 volumes chacun.

"Le réseau de Patagonie" a obtenu le Grand Prix de la science-fiction Française 1982.

"Les exilés du ciel croûteux" a obtenu le prix Apollo 1988]

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