Pour nous changer de l’heroïc-fantasy, voici un Gemmell dans un univers post-apocalyptique. La civilisation humaine a plongé dans la barbarie, et les populations doivent non seulement survivre à la menace que sont les « Brigands », mais aussi à une religion satanique sanguinaire, dont les fidèles sont appelés « les enfants de l’enfer ». Jon Shannow est une sorte de pistolero, presque légendaire en certaines régions, qui lit la bible et est en quête de la mythique ville de Jérusalem…
La première moitié de ce roman est éblouissante : je n’ai jamais vu cent cinquante pages aussi vides de toute idée et de tout intérêt. Une série de méchants très méchants se succède devant le héros, dont les capacités limitées ne permettent qu’une seule issue : sortir ses gros flingues pour les descendre. Le terme de « ball-trap » m’est souvent venu à l’esprit.
La seconde moitié se démarque par l’existence d’une intrigue, ce qui est déjà un gros progrès, et par les efforts marqués de l’auteur pour multiplier les personnages. Pluie de poncifs, les gentils sont très gentils et les méchants très méchants, mais il y a aussi des plutôt méchants qui deviennent très gentils, visiblement par intervention divine. Ahhhh, ça va alors, si Dieu et la bible sont là , tout est possible. Côté univers c’est à pleurer, vu que le seul élément nous permettant de différencier le monde de L’homme de Jérusalem de, par exemple, celui de Légende¸ c’est que la bande d’archétypes qui nous sert de protagonistes se bat avec des flingues (des vieux, en plus – l’auteur se croyait probablement en plein western, d’ailleurs l’ambiance y ressemble pas mal) et non pas avec des grosses népées.
Le pire, c’est qu’à force de pousser le genre à l’extrême, aux confins de la caricature, on finit par être séduit et par apprécier cet ersatz de Roland (vous savez, le personnage principal du « Pistoléro » de Stephen King), et la manière qu’il a de tout régler à coups de revolver. Mais quand on voit l’intrigue se finir de la même manière que Légende, Le Roi sur le seuil et autres Le Lion de Macédoine (autant de romans de Gemmell supérieurs à celui-ci), on a envie de coller des baffes à l’auteur. Ou de lui écrire pour lui suggérer de nouvelles intrigues vu que la sienne, celle qui utilise depuis le début de sa carrière, commence à être un peu usée.
Bref, c’est très limité tout ça…