Quel bonheur de retrouver Fitz ! Et quel bonheur de retrouver la plume exquise de Robin Hobb, accompagnée de l’excellente traduction d’Arnaud Mousnier-Lompré. Le nouveau cycle des aventures de l’ex Assassin Royal, que publient les éditions Pygmalion, s’annonce à la fois passionnant et émouvant.
Nous retrouvons Fitz vieilli – quinze années ont passé depuis qu’il a sacrifié son amour, sa vie et son âme pour sauver son pays – toujours uni à Œil de Nuit par ce lien plus fort que l’amour qu’est le Vif, toujours torturé par la soif de l’Art auquel il a renoncé. Tom Blaireau, comme il se fait maintenant appeler, a recueilli un jeune garçon, Heur, qui doit commencer un apprentissage. Il n’a plus de nouvelles de ceux qu’il a connu par le passé, à l’exception d’Astérie, la ménestrelle. Mais le destin suit son cours et les évènements extérieurs vont se frayer un chemin jusqu’à la tanière où le bâtard des Loinvoyant s’est réfugié.
Ce premier tome prend le temps de poser le décor et les personnages. Pas question avec Robin Hobb de nous précipiter dans l’action brute ; elle aime trop à décrire, jusqu’à nous faire ressentir, les moindres replis de l’âme de ses personnages. C’est qu’elles sont complexes, ces âmes ! avec le Vif – lien qui unit un humain à un animal – honni et craint de la population qui pourchasse ceux qui l’ont, et l’Art – haute magie des membres de la famille royale – qui pourrait bien être plus que ce que Fitz croit savoir. Si l’auteur nous rappelle les événements d’il y a quinze ans, c’est par touches discrètes, à travers l’esprit de FitzChevalerie, ou ceux d’Umbre et du Fou. Car ce volume marque le retour dans la vie de Fitz de ces deux personnages, en particulier du Fou, qui prend une importance croissante dans le récit.
Malgré le soin qu’a pris Robin Hobb à placer ses pions, l’aventure est en marche et quand elle rattrape Fitz, le lecteur est vite plongé dans un univers d’intrigues et de luttes. Ce livre se lit d’une traite ; arrivé au bout, on n’a de cesse de commencer la suite, La Secte Maudite, que les éditions Pygmalion n’ont pas trop attendu pour publier, allant jusqu’à interrompre le programme de parution d’un autre cycle du même auteur, Les Aventuriers de la Mer, le seul reproche peut-être, qu’on puisse leur faire. En effet, les lecteurs des Aventuriers de la Mer remarqueront avec bonheur les allusions nombreuses à Terrilville, aux Vivenefs, et aux mystérieux serpents de mer qui émaillent le récit – car c’est dans un univers cohérent et complet que nous invite Robin Hobb – mais ces allusions, comme des friandises, nous donnent aussi envie de renouer avec ce cycle-là.

Note :
5/5