Pire que le mal, de Jay R Bonansinga

Bien des défauts de Black Mariah se retrouvent dans ce second livre de Bonansinga, mais l’auteur a bien travaillé, et énormément progressé. La thématique : le pouvoir de l’esprit sur le corps -celui-là même qu’on connaît sous le nom d’ »effet placebo »- et la dissociation schizoïde d’une personne, entre sa personnalité d’origine et une identification à son ancien agresseur. Et surtout le mélange de ces deux thèmes… Une thématique beaucoup mieux exploitée que celle du merdique Black Mariah, qui fait rapidement naître l’angoisse, pour ne plus la relâcher jusqu’au bout, et donne plusieurs scènes d’une puissance esthétique extraordinaire, notamment celle où les deux personnalités se combattent (c’est classique, je sais, mais habilement utilisé), et celles où les pouvoirs d’autosuggestion se déchaînent.

Malheureusement, l’auteur ne maîtrise pas encore son outil, et on doit à nouveau se farcir un manichéisme insupportable. Si encore il se limitait ici aux personnalités de l’héroïne, ce serait pleinement justifié, mais Bonansinga, comme dans Black Mariah, a opté pour la figure du « méchant flic », et aussi celle du « gentil mec qui aide l’héroïne ». De plus, malgré une intrigue rondement menée, on n’échappe pas à quelques scènes racoleuses ou ridicules, surtout vers la fin. Des défauts peu nombreux, mais dommageables à un roman doté en soi d’une très grande force.

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